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LA TAPISSERIE AU XIX° SIÈCLE 479
laine a donné l'illusion d'une peinture à l'huile. Cette perversion du goût public est des plus dangereuses pour la belle industrie qui a son siège principal clans notre ancienne province de la Marche. Il n'est que temps de réagir contre de pareilles tendances. À l'État revient la mission de donner l'impulsion, de guider le public dans une voie tout opposée à celle dans laquelle il se trouve engagé. Il peut beaucoup par l'exemple des Gobelins. Nous estimons que son influence doit encore s'exercer autrement.
La Belgique vient de nous donner une leçon qui mérite d'être méditée. Pour encourager et faire vivre une industrie naissante à laquelle elle porte un grand intérêt, elle a commandé à l'atelier de Malines deux séries de tentures, l'une pour l'hôtel de ville de Bruxelles, l'autre pour les salles du sénat. Ces tentures représentent peut-être l'effort le plus original qui ait été fait de notre temps pour ouvrir à l'art du tapissier de nouveaux horizons.
Pourquoi ne tenterait-on pas en France ce qui a si bien réussi ailleurs? Est-il si difficile de trouver quelques milliers de francs chaque année pour encourager une des plus hautes expressions de l'art décoratif, quand le budget des beaux-arts s'élève à des millions? Il est grand temps qu'on y songe; il faut enfin que toutes ces questions soient tranchées, non par des députés ou des sénateurs, mais par des hommes compétents, car l'avenir et même l'existence de la décoration en France sont én jeu et courent les plus sérieux dangers.
Pour finir par une'remarque pratique, il ressort de l'histoire de toutes les manufactures dont nous venons d'étudier les vicissitudes qué les fabricants de tapisserie n'ont jamais pu supporter les frais énormes qui leur incombent que. gràce aux subventions, aux immunités, aux encouragements accordés, soit par les souverains, soit par les conseils communaux. On se préoccupe* en ce moment des intéressants métiers d'Aubusson. On a fait déjà beaucoup pour eux. Mais, si on veut assurer leur existence et leur prospérité, il faut par des commandes intelligentes relever le courage des chefs de cette vieille industrie nationale. Qu'on applique à cet usage quelques fonds prélevés sur le budget des manufactures nationales , et ce sera certainement de l'argent bien employé.
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